• L'inconsolé, de Mélissa RestousRésumé : Au cœur du XIXème siècle, Sacha Gabrilov, vampire arrogant et décadent, parcourt le monde en compagnie d’Henri Duplessis. Lorsque la route des deux dandys les amènent jusqu’en France, ils deviennent rapidement la coqueluche de tout Paris. Au cœur de ces mondanités, Sacha remarque la jeune et innocente Louise Delorme. Le somptueux vampire n’a alors plus qu’un désir : se rapprocher de la jeune fille afin de la posséder et de la pervertir. Dans l’ombre, l’immortel engage alors un jeu dangereux…


    Voilà un moment que je n'avais pas lu un roman publié par Les Éditions du Petit Caveau. Pointilleuse sur la littérature vampirique, je dois dire que jusqu'ici, sauf très rares exceptions, je trouve toujours mon bonheur dans les recoins de cette très belle édition.

    L'histoire de Sacha et Henri au premier abord, reste une histoire de vampires "classique" - seul petit bémol pour moi, qui n'en est pas un pour tout le monde, les vampires créés par Mélissa Restous ne semblent pas craindre les rayons du soleil. Mais ce détail ne porte pas préjudice au récit,. C'est malgré tout un choix peu conventionnel lorsque choisit de dépeindre ces êtres immortels. Ce détail mis à part, ils correspondent à ce que devraient être ces créatures (de la nuit).
    Au fur et à mesure des pages, le récit prend un tournant inattendu - que je ne dévoilerais donc pas - qui rend la lecture plus passionnante qu'elle ne l'était pourtant au départ. Je ne m'y attendais pas.

    Les deux hommes, en parfaits prédateurs perfectionnés par des décennies de chasse et de tueries arrivent donc à Paris. Ils vont habilement se faire une place et charmer le milieu aristocratique parisien. Et lorsque Sacha croise la jeune Louise, elle devient aussitôt son obsession. Une obsession presque irrationnelle. Pourquoi elle ? Quelque chose chez la jeune femme l'attire invariablement, si bien qu'il ira jusqu'à la sauver au lieu de la sacrifier. Peut-être est-il d'ailleurs en train de sacrifier un fragment de lui-même... ou pas. 
    Un thème récurrent - et donc quasiment incontournable - dans ce type de littérature est subtilement mis en avant : la solitude du vampire. L'idée d'éternité séduit mais devient insoutenable au fil du temps lorsqu'il s'agit de la vivre seul. Ainsi Henri commence à percevoir Louise comme une rivale auprès de Sacha. De son côté, Sacha imaginant de moins en moins ne plus avoir Louise à ses côtés, ne verrait aucune objection à remplacer son comparse. Mais quel lien étrange  lie Sacha et Louise en dépit de leur couple improbable, de leur attirance destructrice pour l'un comme pour l'autre ?
    Pour le savoir, plongez-vous dans l'histoire de L'Inconsolé.

    La petite note qui m'a beaucoup plu : Sur le quatrième de couverture, il est écrit que Mélissa Restous aime et a étudié la littérature du XIXème siècle. Chacun des chapitres s'ouvre d'ailleurs sur la citation d'un texte d'auteur de cette période. Et même si ce sont l'histoire de l'art et l'archéologie qui ont eut finalement raison de moi, j'ai un gros faible pour la littérature du XIXème également (je prévois plusieurs chroniques d'ailleurs) et pour cette époque en général. Aussi, j'ai vraiment apprécié croiser dans ces pages, Théophile Gautier en personne ainsi que ce cher Musset, avec qui Louise et Sacha partageront un verre d'absinthe.

     


    votre commentaire
  • Union mortelle pour un vampire, de Kaylin MeiRésumé : Je m’appelle Andrew Weiss, et beaucoup me considèrent comme le vampire le plus arrogant sur Terre. Jusqu’à présent, je menais la parfaite vie d’acteur riche et célèbre.
    Mais William, notre perturbé roi, m’a ordonné d’abandonner mon métier et de me débarrasser d’Amanda, ma compagne fan de créatures des ténèbres. Pire que tout pour mon ego, une de mes semblables clame que je ne suis qu’un vampire d’opérette, un séducteur patenté !
    Le seul gars capable de m’aider à devenir plus monstrueux semble être Gordon Sheppard, un écrivain de romans d’horreur réputé pour sa misanthropie. Sauf qu’il n’est pas ce qu’il semble être. Quelqu’un veut sa peau et… la mienne.
    Pour couronner le tout, ai-je signalé que ma chère Amanda me harcèle pour devenir un vampire ? A croire qu’elle n’en a qu’après mon sang !
    Voilà une fin d’année qui s’annonce mortellement compliquée…


    C'est un peu par hasard que je me suis lancée dans cette publication des Éditions du Petit Caveau. L'esprit décalé qui se dégageait de sa présentation n'est pourtant pas ce qui m'attire ou premier abord quand je veux me lancer dans de la littérature vampirique. Mais bon, je suis toujours prête à découvrir de nouveaux styles. Quand j'ai dans les mains le premier roman d'un jeune auteur, j'essaie dans la mesure du possible de le lire et de le juger justement et d'être indulgente aussi pour ce que je pourrais percevoir comme des défauts.
    J'aime bien lire de nouvelles plumes.

    Allez, je me lance ! C'est un roman très court, une novella donc. L'exercice est par conséquent d'autant plus difficile, car il faut parvenir à captiver le lecteur
    sur un texte qui globalement, se lira plus vite, sans nuire à la qualité du récit. Et malheureusement, l'un des points noirs c'est que l'histoire est un peu trop longue à démarrer. J'ai été assez déçue par les quelques premières mais j'ai persévéré. Et je suis contente de l'avoir fait. 

    Union mortelle pour un vampire est plaisant à lire de par son écriture. Le style de Kailyn Mei est naturel et agréable, moderne par cette touche d’humour qui donne le ton du roman et se démarque d'une certaine façon dans la littérature du genre. C'est bien loin de ce que j'aime, moi qui me lasse assez vite lorsque l'humour envahit le récit, et pourtant... cette fois la recette a fonctionné ! Mais pourquoi ?
    Parce que son héros, Andrew est un cliché, un énorme cliché. Et avec horreur, il vient de s'en apercevoir. Kailyn Mei donne un grand coup dans l'image vampirique apparue il y a une quinzaine d'années et qui envahit tout : films, séries, littérature... tout le monde est visé, de Buffy à Twilight (et il y a matière pour celui-là). Et ça, j'aime, les critiques sont acerbes mais justes sans être non plus une complète parodie. Toute la nouvelle génération a une image biaisée de ce que devrait être un vampire et on retrouve partout les même scénari que je trouve lassant à la longue. Alors lorsque quelqu'un ose pointer l'incohérence et la niaiserie avec humour : j'achète.
    Et ce pauvre Andrew est l'archétype même de ce vampire de pacotille qui fait tant fantasmer. D'ailleurs sa groupie, ses groupies (hommes ou femmes) résument assez bien le phénomène actuel. On ne peut que sourire et se moquer.

    Le héros est un cliché oui, mais le roman lui, n'en est pas un.

    Andrew va lutter contre cette image qui lui colle à la peau et dont se moquent ouvertement et sans pincettes ses semblables, tous plus charismatiques les uns que les autres ou décalés à leurs manière. Mais ce sont des vampires, des vrais... eux. Progressivement, l'auteur remplace chaque mauvais points par ce que devrait être un vrai vampire. Et plus précisément, le vampire selon Kailyn Mei, qui impose ainsi sa propre mythologie.

    C'est là tout l'intérêt du récit pour moi. Les vampires de Kailyn Mei ne sont pas des clichés. Ils sont des prédateurs, violents et sanguinaires, et Andrew s'apercevant qu'il est sur la mauvaise voie, tente par tous les moyens de changer, d'être moins humain. Au fur et à mesure de la déconstruction d'Andew, mon intérêt pour l'histoire s'est transformé. Comme si l'intrigue évoluait en même temps que son personnage, elle devient plus intéressante, plus prenante et on se laisse embarquer, au point qu'on regrette d'être arriver au bout. C'est aussi un point négatif pour moi. Je pense que l'histoire aurait méritée d'être plus développée dans un récit plus long, car j'ai eut par moments l'impression que tout s'enchaînait trop vite.

    Malgré tout c'est une lecture très plaisante que je ne regrette pas. L'auteur a prouvé qu'elle pouvait jongler avec l'humour et le tragique, en passant par l'horreur, sans pourtant que la situation paraisse incongrue. Elle se démarque en mettant en avant non pas l'humaine (souvent un peu sotte) qui croise le vampire brun et ténébreux... mais justement ce vampire ténébreux aux allures d'Angel... que je préférerais voir en Angélus (et bien oui, je reste une fan de la première heure de Buffy malgré tout, on ne se refait pas). J'en suis venue à souhaiter une continuité pour un roman que j'ai pourtant eut du mal à commencer...

    A voir donc pour la suite !

    P.S : Merci à Kailyn Mei pour la référence à Doctor Who. Maintenant je n'arrête pas d'imaginer Matt Smith en vampire :D Cette scène a été la plus drôle pour moi.


    votre commentaire
  • Le Cycle des Âmes Déchues, Tome 1 : Le Mal en la Demeure, de Stéphane Soutoul.

    Editions du Petit Caveau
    Collection : Sang d'âme

    Résumé : Sur les terres reculées du domaine de Kreuzburg, une ombre étend son influence maléfique jusqu'entre les murs du manoir Kraemer. Afin de préserver les siens d'une menace plus funeste encore que la mort, le maître des lieux n'a d'autre recours que demander l'assistance d'experts en vampirisme. En ce crépuscule du XIXe siècle, la famille de Lacarme, un clan issu d'une longue lignée d'érudits en occultisme et surnaturelle, fait figure de référence dans la chasse aux nosferatus.

    Lorsque Gerald de Lacarme arrive en Allemagne, il est cependant loin de se douter de la sombre aventure qui l'attend. Car le mal qu'il est censé combattre rôde déjà dans les couloirs de la demeure, insidieux, impie… Surtout, il y a la belle Marion Kraemer, si mystérieuse, qui lui chavire le cœur à en perdre la raison. Partagé entre ses tendres sentiments et l'importance cruciale de sa mission, le jeune homme va s'immerger dans le plus terrifiant des cauchemars…


    Le roman commence par une lettre et s'achève sur une autre, ce qui ajoute un aspect épistolaire à ce récit baigné dans l'univers gothique, comme une clin d'oeil, voulu ou non par l'auteur, au plus célèbre roman de Stoker. L'atmosphère qui entoure ses pages m'a beaucoup rappelé celle de Dracula, l'un de mes livres de chevet depuis mes treize ans. Sauf que je ne suis pas Jonathan Harker dans les Carpathes, mais Gérald de Lacarme dans une belle demeure nichée au coeur de la Forêt Noire. 

    Mandaté par son père pour venir en aide à l'un de ses vieux amis, le voilà lancé dans une obscure mission. Gérald, on l'apprend rapidement, appartient à une famille de chasseurs de vampires, aussi son voyage n'avère être bien plus que ce qu'elle pourrait être.

    En quelques chapitres - c'est un récit très court - Stéphane Soutoul a sut vraiment rendre hommage aux romans gothiques du XIXème siècle, comme un mélange de Stoker et de Le Fanu. Un manoir sombre et isolé dans la Forêt Noire, vidé de l'essentiel des domestiques et habité, presque hanté finalement, par une jeune maîtresse de maison à la peau diaphane et au regard hypnotique. Pourquoi ses parents sont-ils partis si vite sans même donner de date de retour ? Quelle est donc cette mystérieuse maladie dont semble souffrir Charlotte, la soeur jumelle de Marion, et qui l'affaibli de jour en jour ? J'y ai vraiment trouvé les ingrédients parfaits à ce que j’appelle souvent la "véritable littérature vampirique". Dans la lignée de ceux qui l'ont précédé dans ce domaine, Stéphane à su me convaincre avec sa propre "créature de la nuit", entourée d'êtres diaboliquement asservis tel qu'Ulrik, le majordome, si dévouée à sa maîtresse et dont l'attitude m'a rappelé d'une certaine façon le personnage de Renfield. Il y a dans ces quelques pages beaucoup d'éléments empruntés à la littérature romantique, qui va souvent de paire au roman gothique. La thématique de la solitude par exemple, est très présente, tout comme Gérald, on se sent invariablement attiré par la détresse de Marion, au point par instants d'en oublier la nature. 

    Ce premier tome est parvenu sans aucun problème à me convaincre de lire la suite de cette trilogie. D'autant que l'appendice qui fait suite à l'épilogue pose clairement les premières pierres du second volume et me donne envie de m'y plonger.

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Éditions du Petit Caveau
    Collection : Sang d'âme

    REMARQUE : L’auteur reverse l’intégralité des droits d’auteur gagnés sur la vente de ce roman à la SPA.

    Résumé :

    Transylvanie, fin du dix-neuvième siècle. Traqué sans relâche, Dracula, le Prince des Vampires, dépositaire du sang de l’immortalité, craint pour l’avenir de sa race. La seule solution, pour assurer une pérennité certaine aux siens, serait d’engendrer un héritier de son propre sang. Mais pour cela, il lui faut d’abord trouver une humaine capable de porter en son sein l’enfant d’un non-vivant…

    En France, Marie Iscariel, dame de compagnie d’une riche héritière, fait le même étrange cauchemar depuis son enfance : un rêve effrayant où il n’est question que de peur et de mort.
    Entraînée au cœur d’un monde inconnu, la jeune femme va découvrir que l’amour et le sang peuvent parfois s’unir pour créer une étrange destinée…

    Je me faisais une joie de me plonger dans une autre publication des Editions du Petit Caveau, d’autant plus que j’avais un réel intérêt pour l’histoire, qui me semblait intéressante. Mais quelle déception !

    Vous m’excuserez d’avance de raconter dans cette chronique l’intégralité de l’histoire – à l’exception peut-être de certaines subtilités – mais voilà… c’était nécessaire pour comprendre ce qui pour moi est carrément dérangeant dans ce roman.

    Je peux comprendre que ce soit une novella (plus longue qu’une nouvelle, plus courte qu’un roman) et que donc, il faut aller directement à l’essentiel sans aller trop vite en même temps. Ce qui n’est pas un exercice facile, mais ce n’est pas non plus ce que je reproche à De notre sang.
    Non, ce qui m’a déplu, c’est le scénario.
    Ce qui pour un roman, est embarrassant.
    On tombe trop vite dans la facilité pour expliquer les choses ou pour se sortir d’une situation, ce qui en fin de compte, rend la quête du célèbre comte, très peu crédible. Je m’explique…

    Dracula (passons le fait que ce nom ait été inventé par Bram Stoker) (et qu’il était en réalité relativement petit, en taille), cherche donc une femme avec laquelle il pourra engendrer un héritier. Là où l’affaire se corse, c’est que ce ne sera possible, d’après une sorte de « prophète », uniquement si la femme est une descendante de Judas Iscariote (celui qui dans la Bible, a trahit Jésus). L’idée me direz-vous, est pour le moins original.
    Malgré la toile de fond très « religieuse » qui m’a un peu fait tiquer, je me suis dit qu’il y avait là, une idée intéressante à creuser. Oui mais… soudainement, la crédibilité du récit en prend un coup.

    Car, coup de chance ! Après 2000 ans, il n’y a plus qu’un seul et unique descendant (merci aux archives du Vatican), qui se trouve, bien sûr… être une femme ! Du nom, original, de Marie Iscariel.
    Formidable, non ? Sans doute… mais carrément impossible d’un point de vue généalogique. Bon, admettons… on va se dire qu’il faut aller vite et donc, accepter ce raccourci.
    Ce qui fait que la recherche de Dracula se simplifie à l’extrême, malgré quelques personnages secondaires, un peu chasseurs de vampires, dont on va vaguement parler avant qu’ils ne soient totalement oubliés.

    De fait, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’empare de la demoiselle et la séquestre.
    A partir de là, c’est la romance censée se trouver dans l’histoire, qui en prend un coup.
    Où sont les sentiments là-dedans ? Je me le demande encore ! Il est infect avec elle. C’est un homme d’une extrême froideur (bon, il est mort en même temps) et violent. Elle ne la considère que comme une couveuse, et malheureusement, il n’en a qu’une. Ce qui l’intéresse c’est obtenir un héritier, et il ne pense même pas à garder la mère ensuite. C’est donc suite à des viols successifs qu’il va parvenir à ses fins. Elle est enfin enceinte.
    Mais après un accès de colère, il l’a frappe violemment, elle perd donc cet enfant à la suite des coups.
    Ce qui m’a fait frémir, c’est qu’elle fini par lui pardonner, juste après, en moins d’un chapitre. Parce qu’à un moment étrange, peu de temps après la fausse-couche, elle éprouve des sentiments pour lui (syndrome de Stockholm sans doute), comprenant qu’il a un côté tendre (en cherchant bien) et protecteur. Qu'il est capable de sentiments, puisqu'il regrette sincèrement son geste et ses conséquences (c'est vrai, oublions aussi qu'il avait été conçu dans la violence en plus). Très vite elle a donc un deuxième enfant, l’enfant de l’amour… qui naîtra la veille de Noël…

    C'est plus que dérangeant comme évolution des sentiments. J’ai vraiment du mal à y trouver une quelconque romance, car même si l’amour surgit à la fin… j’en suis toujours à me demander comment ça aura pu être possible.

    Pour résumer, l’idée qui est à l’origine du récit est originale, et j’irais même jusqu’à dire que mise à part les parallèles bibliques qu’on repère un peu partout dans le roman, et la « facilité généalogique », l’histoire donne envie. Ça aurait même été intéressant de développer l’idée pour un format plus grand, plus détaillé, pour ne pas devoir aller trop rapidement vers la facilité.
    Cette partie, même si je n’adhère pas trop dès qu’on part dans des allusions chrétiennes, ça passe. Mais pour la suite… non vraiment, ce n’est vraiment pas possible.

    Marie pense un moment à la mort pour échapper à son bourreau… je vais être honnête, je pense qu’il aurait mieux valu, ça aurait eut plus de logique… quitte à faire de Dracula un être cruel, autant assumer jusqu’au bout.

    J’aime la littérature fantastique, davantage quand il est question de vampirisme mais là… la magie n’a pas opéré. Désolée…

     


    votre commentaire
  • A l'ombre des falaises, de Chloé BourdonÉditions du Petit Caveau
    Collection : Sang d'âme

    Résumé : Nous sommes en 1901, dans un petit village des Cornouailles. Elisabeth vient de perdre son père et accepte difficilement la froideur de sa mère.

    L’été où elle quitte l’enfance, elle comprend que derrière les apparences d’une petite bourgeoisie provinciale obsédée par la peur du scandale, se dissimulent des drames insoupçonnables, et des monstres qui rôdent, les soirs de pleine lune, dans l’ombre des falaises.

    Deuxième lecture pour moi, d'une oeuvre publiée chez les éditions du Petit Caveau. J'ai décidé de poursuivre avec une histoire courte (onze petits chapitres), "A l"ombre des falaises", le premier roman de Chloé Bourdon. Je n'ai pas été déçue par le voyage, j'y ai trouvé (ou plutôt retrouvé) ce que je cherchais. Chloé Bourdon a même réussi à me surprendre, ce qui n'est plus si courant.

    La plume de l'auteur m'a immédiatement séduite, j'y ai retrouvé la noirceur et la mélancolie de certains livres romantiques du XIXe siècle que j'aime particulièrement.

    Nous sommes en 1901, le XIXe siècle vient justement de s'achever et l'histoire se passe en Angleterre, plus précisément à Birdcliff en Cornouailles, un petit village tranquille non loin de la mer.
    C'est ici que vit la jeune Elisabeth qui a treize ans quand on la rencontre.
    Elle perd brutalement son père et se retrouve seule face à une mère stricte et froide, qui l'ignore et l'infantilise comme si elle refusait de voir que sa fille grandi. Elisabeth peine donc à trouver sa véritable place dans le monde aristocratique dont elle est issue.

    Sa vie prend une tournure inattendue lorsque Lord Osborne revient après plusieurs années d'absence avec son fils, un métis du nom de Christopher. Ils s'installent dans son ancienne demeure, devenant les voisins de la famille d'Elisabeth. Un retour qui semble déranger sa mère et les autres nobles de la région.

    Elisabeth n'est plus une enfant, elle devient une adolescente d'une maturité surprenante pour son âge. Son corps change, elle a quatorze ans. Mais il y a quelque chose chez elle de plus mystérieux. Elle se sent oppressée par un secret familial qu'elle va peu à peu déterrer, et irrésistiblement attirée par le séduisant Chris Osborne, son aîné de quelques années sur lequel courts des rumeurs dérangeantes pour la société de l'époque.
    Un lien hors norme, intense et presque effrayant va les attirer l'un vers l'autre, de manière presque anormale, dangereuse et à la limite de l'immoralité.

    Christopher Osborne est un jeune aristocrate autour duquel flotte un parfum de scandale parfaitement assumé, il a le goût de l'interdit et respire la liberté et l'exotisme. J'ai vu en lui le fantôme d'Oscar Wilde ou Lord Byron, si décriés à leur époque pour leur vie scandaleuse et pourtant adulés et admirés par leurs pairs. Il en va de même pour le jeune Osborne, qui dérange mais fait rêver.

    Le mystère qui entoure le jeune homme, sa façon d'être en se moquant des on-dits de la société bienpensante va attirer la jeune Elisabeth comme un aimant, de manière presque hypnotique, et elle va se sentir enfin femme, et non petite-fille à ses côtés. Leur histoire va s'écrire dans le sang, elle n'est qu'un des piliers du roman.
    Des meurtres sanglants sont commis, et les changements brutaux qui vont avoir lieu dans la vie d'Elisabeth vont l'effrayer. Elle se sait différente, et elle cherche à comprendre. Comprendre pourquoi sa mère la rejette et ce qu'elle lui cache, et qui est réellement Lord Osborne.
    Tout ça, je l'ai découvert pas à pas, avec Elisabeth. Et j'ai compris que les secrets en apparence anodins, en cachaient de plus terribles. Pendant un instant, j'ai pensé au Dracula de Bram Stoker - dont Chris offre d'ailleurs un exemplaire à Elisabeth - et au couple formé par Mina Harker et Dracula. Un amour inconsidéré et destructeur qui entraîne invariablement vers la fin.

    L'attirance qu'éprouve Chris et Elisabeth l'un pour l'autre frôle l'indécence et donne un grand coup dans le politiquement correct, surtout vis à vis du jeune âge d'Elisabeth.
    Mais quel est réellement le lien qui les unis ? On ressent l'aspect anormal de cette attirance, peut-être aussi parce qu'elle est dérangeante. J'ai moi même été choquée par certaines révélations.
    Néanmoins, l'histoire est addictive, prit d'une certaine fascination morbide, on continue, on veut lire encore et encore. Cette passion fusionnelle est dévorante... Elisabeth, en voulant découvrir les secrets de sa famille, va invariablement sceller son destin, jusqu'à devenir cet être éternel qui nous raconte son histoire, écrite dans le sang et dans les larmes.

    Je n'en ai pas perdu une miette, jusqu'à la fin. Une fin étonnante, presque frustrante mais tellement juste, en accord parfait avec le reste du récit.

    Pour finir, je pourrais dire que c'est une histoire destinée à des lecteurs avertis, la noirceur du texte et certaines scènes flirtant dangereusement avec l'immoralité pourrait déranger. Mais il n'y a jamais rien de vulgaire, tout est parfaitement assumé par Chloé Bourdon et décrit avec justesse, donnant au final une oeuvre qui pourrait rivaliser selon moi avec les textes romantiques du XIXe siècle. Le thème vampirique classique est parfaitement maîtrisé.
    Le Romantisme est un genre littéraire propre au XIXe siècle et pourtant, en lisant des textes comme celui-ci je suis tentée d'y appliquer ce terme. Dans ce cas précis, je parlerais même de "Romantisme noir".
    Le sujet pourrait sans doute en choquer quelques uns mais je serais mal placée pour le déconseillé à un âge en particulier, ayant lu certains des romans d'Edgar Allan Poe à dix ans et Dracula à treize ans.
    A découvrir et à dévorer sans aucune modération.
    Je suis prête à lire d'autres livres de cette auteur s'ils ressemblent à celui-ci.

    Merci à Chloé Bourdon d'avoir ressuscité les vrais vampires, ceux qui vous séduisent et vous dévorent.
    Les lecteurs d'aujourd'hui semblent bien souvent les avoir oubliés.

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique