• Un dernier baiser avant le silence, de Mireille Calmel

    Résumé :

    1204.
    À l’heure où la majestueuse Aliénor tente une ultime fois de sauver son royaume, son fils Jean sans Terre règne sans partage sur l’Angleterre, déterminé à éteindre jusqu’au souvenir de son défunt frère, l’illustre Richard Cœur de Lion.

    Traquée jusqu’au cœur de la forêt de Brocéliande, sa filleule, la belle et puissante Eloïn Rudel, descendante de Merlin et compagne illégitime de Richard Cœur de Lion, rédige pour leurs enfants les mémoires de sa vie d’aventures. Car elle est la seule à posséder l’arme capable de contrer Jean et de protéger les siens :
    La vérité.
    Comme un dernier baiser avant le silence.

    Entre la riante Aquitaine et le souffle brûlant de l’Orient, l’histoire follement moderne d’une femme dans l’ombre d’Aliénor, partagée entre son destin exceptionnel et son amour pour un roi de légende.

    Après l’immense succès du lit d’aliénor, vendu à plus d’un million d’exemplaires et traduit en quinze langues, le roman qui clôt magistralement la grande saga de Mireille Calmel sur Aliénor d’Aquitaine et Richard Cœur de Lion.


    En tournant la dernière page, j'ai achevé l'histoire d'Aliénor. J'ai achevé celle de Loanna. Très peu d'écrivains sont parvenus à me faire venir les larmes aux yeux, comme l'a fait Mireille Calmel. J'ai commencé ce roman tant attendu hier soir, je l'ai terminé cette nuit. Depuis octobre il était dans ma bibliothèque, et pourtant je l'avais, volontairement peut être, mis de coté, car j'imaginais avec angoisse ce que j'allais y trouver.
    Un dernier baiser avant le silence, je l'ai perçu comme un livre hommage. Un hommage aux lecteurs, qui suivent Mireille Calmel depuis Le lit d'Aliénor, son premier roman. Un hommage aussi à des personnages qui ont prit vie, eux aussi avec ce même roman. Le titre lui-même, sonne comme un adieu et donne le ton du roman. En plus de son côté très poétique (ou romantique), il est très bien trouvé compte tenu de la teneur du récit.
    Ce qui peut aussi expliquer pourquoi j'appréhendais d'ouvrir ce livre....

    Si vous avez lu mes chroniques sur les deux romans de l'épopée Richard Coeur de Lion, vous vous rappelez que je ne m'étais pas autant attachée à Eloïn qu'à ses parents. Dans ce livre, mes sentiments pour elle ont changé. Et c'est là toute la magie de l'écriture. Sous la plume de Mireille Calmel, Eloïn nous livre, comme sa mère avant elle, son livre d'Heures, qui devenu Un dernier baiser avant le silence, constitue l'un des plus beaux romans de l'auteur. Celui qui par les mots, à fait naître chez moi, le plus d'émotion. C'est peut-être l'un des plus tragique aussi.

    Et donc, Eloïn se livre. Par ses mots, dans ce texte au reflet de testament qu'elle écrit à sa fille, la petite Anne, elle nous révèle ce que nous lecteurs n'avions pas vu, ce que nous n'avions pas su. De l'Île des Bannis où était séquestrée Loanna, aux liens entre Jauffré et Robert de Loxley, à l'attachement d'Eloïn envers Saladin, le secret de Gwalf, tous ses secrets à elle, Eloïn Rudel. On revoit de nombreuses scènes par ses yeux, depuis son enfance, à sa vie de mère. A travers ses mots, on ressent ses émotions, ses joies mais surtout ses regrets. Des regrets sur ses choix, sur ce qu'elle aurait dû faire ou ce qu'elle a fait ; les conséquences des non-dits sur le déroulements des choses.

    Jusqu'au bout l'émotion  - parfois accompagnée de larmes - fait partie intégrante du récit. En couchant son histoire sur le papier, Eloïn revient sur ses souvenirs et le recule des années lui permet de mieux percevoir les choses. S'avouant de temps à autre "qu'elle savait" et donc "qu'elle aurait pu changer les choses", si seulement...
    Je ne sais pas ce qui m'a le plus bouleversée. Le fait que dès les premières pages, Eloïn parlent de ses parents au passé ? Ou le fait qu'au fil des pages jusqu'à la dernière, on découvre tout ce qu'elle a perdu ? Je ne livrerais pas les détails dans cette chronique, à mon sens, trop en dire gâcherait la lecture. Mais la réalité historique, n'a rien d'une bouleversante surprise. Bien sûr, dès sa naissance, je m'attendais à la mort de Richard pendant le siège de Châlus, mais la voir à travers les yeux d'Eloïn provoque un effet immédiat. De fait historique, elle devient une tragédie. Tout comme l’accession de Jean au trône d'Angleterre qui est inévitable, on ne refait pas l'Histoire dans les romans de Mireille Calmel.
    Dès le départ, je savais qu'Aliénor allait enterrer presque tout ses enfants avant de finir sa longue vie entre les murs de Fontevraud (j'y suis d'ailleurs allée plusieurs fois). Tout ça je m'y attendais, le reste aussi, et je pense que c'est ce que je redoutais le plus en ouvrant ce roman.
    Au milieu de tout ça, la petite Anne est une véritable rayon de Soleil, avec l'innocence qui caractérise tous les enfants. Cette fillette laissée nourrisson dans le précédent roman m'a souvent fait sourire, un sourire bienvenu.

    Mais pourquoi tant d'émotions finalement ? Pour beaucoup de lecteurs, l'idée même de pleurer en lisant les pages d'un roman, peut paraître à la fois absurde et saugrenue, et peut-être que certains liront ce livre en y retrouvant une émotion dans les mots, sans aller jusqu'à s'en laisser toucher. Oui, mais ce livre a quelque chose de particulier pour moi, en tant que lectrice. J'ai commencé l'aventure avec la première parution du Lit d'Aliénor, en 2000 (France Loisirs), j'avais 14 ans. Tombée amoureuse de la plume de l'auteur, j'ai attendu, et j'attends encore chaque année son nouveau roman. Mais ,dans Le lit d'Aliénor, j'ai surtout rencontré trois figures de papiers que j'ai aussitôt aimées : Loanna, Jauffré, et Aliénor. J'ai grandit avec eux...
    En 2007, dans La Rivière des Âmes, le seul de ses roman contemporain, j'ai revu Loanna et Jauffré, réincarnés. En 2008, dans un tout autre roman, le troisième volume du Chant des sorcières, elle glissait, mine de rien, le souvenir de Loanna dans une prison en Terre Sainte.
    En 2009 au Salon de Livre de Paris, j'ai rencontrée pour la première fois Mireille Calmel, qui m'a dit qu'elle prévoyait d'écrire la suite. Cette suite, parue en 2011, Aliénor, était en fait une suite de cinq romans. Un dernier baiser avant le silence était le dernier...

    Dire au revoir a été difficile. Mais finalement, en lisant les dernières lignes, je me suis dit que certaines choses restaient encore à creuser, et pouvaient très bien, un jour peut-être, ouvrir les portes d'un nouveau roman. En effet, je m'interroge encore sur le devenir du jeune Geoffrey Plantagenêt, pour lequel j'ai retrouver un peu d'espoir en le voyant à Brocéliance... alors pourquoi pas ? Mais pas tout de suite. De la même façon, j'ai eut une impression d'inachevé en laissant Philippe.

    J'attends toujours avec impatience de découvrir un tout nouveau roman de Mireille Calmel. Rencontrer de nouveaux personnages à une autre époque. Mais je ne cache pas que j'aimerais bien retrouver, Loanna et Jauffré sous d'autres traits ou d'autres noms.

    Un livre à ne pas bouder si vous avez aimé les précédents...


    Depuis sept ans, je vais chaque été en Aquitaine (chantier archéologique). Cette année pour la première fois on m'a emmenée voir Blaye. La première chose que j'ai cherché dans la forteresse de Vauban, près de l'estuaire, c'était les ruines du château des Rudel. Étrange sentiment de nostalgie en voyant ce qui restait de ses murs, émotions que seuls les lecteurs de Mireille Calmel peuvent ressentir.







    Je vous conseille aussi la visite du château de Cognac, vous y verrez le buste en pierre de Philippe de Falconbridge, le fils de Richard Coeur de Lion (et d'Eloïn)... l'Aquitaine est vraiment une belle région, elle mérite qu'on s'y arrête.






     

     


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    1
    Mélissa
    Vendredi 15 Janvier 2016 à 21:04

    Très belle critique.

    Une suite sortira dans quelques années avec la petite Anne qui reprendra dignement le flambeau. Mais donc il faudra attendre un peu... En attendant notre chère écrivaine va nous sortir de nouveaux romans dans l'année à venir ! ^^ 

    Mélissa

      • Vendredi 15 Janvier 2016 à 22:11

        J'espère bien ! ^^ J'attends avec impatience de découvrir son prochain roman !

    2
    Dimanche 17 Janvier 2016 à 15:15

    Je suis en train de lire ce roman remarquable et tellement touchant. Tu dis tout dans ta chronique : l'émotion, les personnages attachants, le souffle de l'Histoire, la magie de Brocéliande.... tout ce qui fait que nous avons là un ouvrage qui s'ancre dans nos coeurs.
    Je me retiens de lire les 50 dernières pages tellement je n'ai pas envie de quitter cet univers :-)

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :