• "Je voulais te dire", de Louisa Young

    "Je voulais te dire", de Louisa YoungRésumé : Elle est d'un milieu aisé, il est fils d'ouvrier. Nadine et Riley, deux jeunes Anglais que tout sépare. Au moment même où ils s'avouent leur amour, éclate la Grande Guerre. Riley passe trois ans dans les tranchées, Nadine est infirmière. Atrocement blessé à la mâchoire, gueule cassée, Riley ne veut plus revoir Nadine. Le destin en décidera autrement.

    J"ai une préférence pour les romans historiques, mais d'ordinaire, quand j'en choisi un, l'époque est lointaine et bien souvent, quelque part au alentours des XIIe et XIIIe siècles. Je ne pense pas me tromper en disant que "Je voulais te dire", est le premier roman historique que je lis, qui traite d'une période historique récente.

    Voilà un livre que j'ai lu en une seule journée, sans aucune difficulté. L'histoire captive, fascine, dérange aussi parfois.

    Tout commence avec la rencontre de deux mondes que tout oppose, par l'intermédiaire d'un jeune garçon de huit ans, Riley Purefoy, simple fils d'ouvrier, qui se retrouve par un concours de circonstances à travailler auprès d'un peintre, dans le quartier de la bourgeoisie londonienne de l'époque. Un atelier où il croise, de jours en jours, d'années en années, Nadine, une jeune fille, puis une jeune femme de son âge ou presque, qui rêve de devenir artiste.

    Les années passent, les sentiments changent. Mais il ne lui avoue encore rien, se sentant si différent. Et puis l'Histoire rattrape Riley, après une expérience "amoureuse" déroutante pour lui, Riley, dix-huit ans, part sans réfléchir s'engager pour monter au front : nous sommes en 1914.
    C'est une fuite en avant. Son destin est scellé.
    Un choix s'offre à lui au moment de signer :  partir pour une année ou pour la durée du conflit.
    Naïvement, comme beaucoup, il choisi "pour la durer du conflit", persuadé qu'il ne durera que quelques mois.

    Il est parti si vite qu'il n'a laissé qu'une lettre à tous ses proches. Devant la réalité de la vie dans les tranchées, il minimise la situation dans les courriers qu'il envoie à Nadine, devenue infirmière. Jusqu'à ce que la réalité l'écrase et le brise. Gradé. aujourd'hui "important", au cours d'une permission il revoit Nadine et ils vont enfin s'avouer leurs sentiments, mais ils sont déjà l'un et l'autre, profondément marqués et éprouvés par ce conflit qui s'éternise.

     Et puis tout change. Une bombe. Et Riley se retrouve mutilé. A l'hôpital, avec une partie du visage arrachée, il se retrouve avec tous ceux qu'on a très vite appelés : les Gueules Cassées.

    Une autre épreuve l'attend. Il doit maintenant s'accepter tel qu'il est, accepter les regard des autres, qu'il fuit. Il se renferme sur lui-même. Véritable témoignage de cette part passée souvent sous silence de la Grande Guerre, "Je voulais de dire" montre aussi le travail des chirurgiens, la longue convalescence des soldats défigurés, souvent rejetés par leur famille qu'ils effraient. Le soutien sans failles des infirmières, dévouées à ses soldats mis en marge de la société.
    En parallèle, c'est aussi un message pour apprendre à voir au-delà des apparences et des artifices.
    Il y a cette volonté constante d'être normal aux yeux des autres malgré la différence.
    Riley était beau. Il devient hideux et ne s'accepte plus lui-même. Une injustice.
    Une injustice qui rend détestable  Julia, une femme de soldat dans l'époux est le supérieur de Riley... son mari lui, n'a pas de blessures visibles, mais intérieurement c'est autre chose. Il a de plus en plus de mal à supporter les horreurs qu'il voit tous les jours dans les tranchées. Un  traumatisme que sa femme ne comprend pas (et ne semble pas vouloir comprendre), elle le voit s'éloigner et, persuadée que ça vient d'elle, qu'elle devient laide à ses yeux, elle tente des injections chimiques pour s'embellir...

    Un contraste qui exaspère vraiment le lecteur, car Julia incarne à elle seule tous ceux qui refusent de voir la réalité, et ferme les yeux sur la guerre et ses conséquences.

    "Je voulais te dire" est vraiment un roman plein d'émotions, un vrai plaisir de le lire.

    Mon premier "Coup de Coeur" de l'année 2014.
    Je vous le recommande.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :