• Le roi disait que j'étais diable, de Clara Dupont-Monod

    Résumé : Elle a treize ans et se nomme Aliénor. C'est une fille du Sud, qui aime être entourée de soldats et de poètes, impertinente, turbulente, ambitieuse, issue d'une famille « effrayante et magique ». Elle fait battre les coeurs et suscite le désir des hommes. Une maîtresse née. Une « beauté vénéneuse ». En ce mois de juillet 1137, un homme du Nord arrive à Bordeaux pour l'épouser : son cousin Louis, fils du moribond Louis VI le Gros. Ce Louis-là est frêle, transi de peur. On l'a sorti du couvent et fait renoncer à la prêtrise pour ceindre une couronne trop lourde à porter. Le défi du nouveau souverain est d'apprivoiser cette gamine qui le méprise. Sur ses ordres, il engage son armée à Poitiers, Reims, Toulouse. Il chasse sa mère, bannit l'abbé Suger. Il fait naître le chaos pour cette « fée maléfique venue éprouver sa foi », qui le nie et que des amants virils lui volent... avant que n'apparaisse le bel adolescent, de onze ans le cadet d'Aliénor, nommé Henri Plantagenêt...


     Voici un tout petit roman, une écriture à deux voix qui ravira sans doute ceux qui se passionnent pour la Duchesse Aliénor d'Aquitaine. Clara Dupont-Monod nous offre sous forme de fiction les témoignages conjoints d"Aliénor et de son époux Louis VII de France, de leur rencontre à la Terres Sainte et leur divorce, qui dès le départ, semblait annoncé.

    Jeune rebelle à l'esprit libre, la personnalité forte et téméraire d'Aliénor contraste fortement avec le discret Louis VII qu'on a extirpé de sa vie monacale pour porter le poids d'une couronne à laquelle il n'était pourtant pas destiné. Il ne vit que pour sa foi mais s'éprend tendrement de sa jeune et belle épouse, qu'il ne sait pas, et ne saura jamais, séduire et apprivoisé. Elle ne rêve que du pouvoir, de la liberté, pense à la musique, aux troubadours, le pousse à aller faire la guerre jusqu'en Terre Sainte et décide de l'y accompagner. Elle n'a que du mépris pour lui, car elle le voit comme un "moine", un être faible sans charisme. Sous la plume de l'auteur, la forte personnalité d'Aliénor efface celle du roi de France.

    C'est donc un discours à deux voix, aux champs lexicaux différents. A Aliénor la fouge, le vocabulaire guerrier, conquérant. Par ses yeux l'Aquitaine fait rêver : ses vignes, ses troubadours, la fin'amor... n'est-elle pas "la reine des troubadours" ? Dans son grand et beau duché on rit, on chante et on célèbre l'amour et la vie. C'est l'exubérance, l'aventure.
    A Louis est échu le petit royaume de France, froid, gris et austère. Face à un époux distant toujours assujetti aux préceptes religieux qu'on lui a inculqué, Aliénor s'ennuie. Mais son attitude et sa volonté de s'imposer dans les décisions royales vont à l'opposé des bonnes mœurs de la cour de France.

    En réalité, il n'y a pas de couple s'y mal assorti.

    Et pourtant, Louis l'aime d'un amour sincère. Il se sent tout tout simplement insignifiant aux côtés de son épouse si belle, si volontaire et impétueuse. Aliénor le regarde à peine, parce qu'elle l'imagine indifférent à son égard. Finalement Clara Dupont-Monod met en lumière à travers ce couple historique, les problèmes conjugaux de bon nombre de couples aujourd'hui encore : un manque de communication, qui engendre une incompréhension mutuelle.

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :